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Etude du déclinisme en littérature contemporaine française | ||
Revue des Études de la Langue Française | ||
مقاله 3، دوره 13، شماره 1 - شماره پیاپی 24، مهر 2021، صفحه 15-28 اصل مقاله (1.41 M) | ||
نوع مقاله: Original Article | ||
شناسه دیجیتال (DOI): 10.22108/relf.2021.131064.1172 | ||
نویسنده | ||
Hassan Zokhtareh* | ||
Maître-assistant, Département de langue et littérature françaises, Faculté des Sciences Humaines, Université Bu-Ali Sina, Hamedan, Iran | ||
چکیده | ||
Un ensemble de discours déclinistes, publiés depuis le début du XXIe siècle, notamment rédigés par les spécialistes et professeurs de littérature, proclament la dévalorisation, la crise, l'oubli et voire la mort de la littérature et des études littéraires. Pour étudier la nature et les cibles de ce déclin en littérature contemporaine, cet article se propose, d’une part, de présenter ces textes apocalyptiques suivant une approche descriptive, et d’autre part, de les distinguer les uns des autres selon une approche comparative et surtout contrastive, tout en se basant sur les trois catégories de menaces déjà évoquées en 2011 par Dominique Viart. Une conception très retreinte et esthétique, remontant au XIXe siècle et notamment diffusée et défendue par le système éducatif et la théorie littéraire, se trouve à l’origine de toutes ces inquiétudes devant la perte de l’autonomisation de la Littérature dans une société marquée par le capitalisme cognitif. Il est peut-être temps de recourir également à une conception élargie et pragmatique de la littérature, en interaction avec les autres moyens modernes d’expression et en contact avec le monde réel, et de mettre fin à toute hégémonie des approches monologales au profit d’une lecture actualisante avancée par le philosophe suisse Yves Citton. | ||
کلیدواژهها | ||
Dé؛ clinisme"؛ rature"؛ contemporaine"؛ Etudes"؛ "؛ Litté؛ raires" | ||
اصل مقاله | ||
Introduction Le titre du présent article fait suite à celui d’une visioconférence donnée le 1er décembre 2020 par Alexandre Gefen à l’Université Bu-Ali Sina à Hamadan : « Crise ou renaissance de la littérature contemporaine française ? » En nous référant à Citton, archéologue des média et philosophe suisse, nous évitons l’emploi de la notion de la « crise » qui fait croire à l’existence d’un état passager et transitoire, précédé et suivi d’un état stable et heureux (Citton, 2012 :12). L’expérience de vie de ces cinquante dernières années prouve bien l’existence d’un monde baroque et cauchemardesque qui ne nous fait vivre que l’instabilité et l’incertitude comme en témoignent différents types de crises, tous inévitables et insolubles : sanitaire, écologique, financière, politique, économique, culturelle, etc. Ainsi, la question posée par Gefen, en imaginant une sortie, autrement dit la renaissance, semble peut-être naïve parce qu’elle cache déjà en elle-même sa propre réponse. De cette façon, la question, tout en perdant son caractère interrogatif et problématique, se transforme en une réponse dès le départ. Le corpus de cette étude est composé de nombreuses publications déclinistes et pessimistes, rédigées par des spécialistes[1] et chercheurs en littérature et publiées en France au cours des deux dernières décennies du XXIe siècle, qui font allusion, de manières directe ou indirecte, à la dévalorisation de la littérature et des études littéraires, et renouent avec des esthétiques de déclin tout en réactivant la prophétie hégélienne d’une mort de l’art. Pour montrer que ce déclinisme en littérature est un sujet d’actualité, nous nous contentons de citer certains jalons évènementiels. Du 25 au 27 novembre 2010, l’Ecole normale supérieure de Lyon, a abordé cette crise de la littérature et les esthétiques de la fin dans différents colloques, séminaires, rencontres et débats dont le rapport a été publié en deux volumes intitulés Fins de la littérature[2]. De janvier à mars 2021, sous la direction d’Antoine Compagne, le Collège de France a organisé un ensemble de conférences sur les Fins de la littérature. En mai 2021, Gefen, dans L'Idée de la littérature. De l'Art pour l'art aux écritures d'intervention, s'en prend au déluge des discours pessimistes ainsi qu'aux études littéraires qui se font une idée restreinte, « idéaliste, esthétique et esthétisante de la littérature née avec le romantisme » (Gefen, 2021 :13), et avance une conception élargie de la littérature, seule apte à englober le domaine étendu des écrits littéraires contemporains. Encore tout près de nous, le 08 septembre 2021, est paru chez Stock un livre d’Alain Finkielkraut dont le titre, L’Après littérature, rappelle celui du livre pionnier de l’écrivain français, François Bon, Après Livre (2011), et annonce notre entrée dans « l’âge de l’après-littérature mettant fin au temps où la vision littéraire du monde avait une place dans le monde » (Finkielkraut, 2021 :12). Si l’on en croit Citton, il est temps d’annoncer le début de quelque chose pour proclamer la fin de la « littérature », institution bénéficiant d’une situation hégémonique depuis deux siècles (1800-2000) qui « a en effet exercé une fonction de domination voire d’oppression sociale, qui permettait de discriminer, parmi les masses nouvellement alphabétisées, ceux qui avaient « des lettres » (appelés à dominer) et ceux qui en étaient dépourvus (condamnés à se soumettre). Culture générale, références aux auteurs classiques, maîtrise de l’orthographe, élégance de style ont fait de « la littérature » un marqueur social essentiel, administré par des armées d’enseignants fiers de répandre l’amour des lettres, […] » (Citton, 2012b :47). Si l’on n’adhère pas à l’idée radicale de Citton pour se fier à l’étude archéologique de Gefen, très optimiste et modéré, par contre, « cette thèse déclinologique » (Gefen, 2011 :41), bien que sous formes différentes, accompagne toujours la littérature depuis l’antiquité grecque et romaine. Derrière ces deux prises de parti apparemment incompatibles, il est facile de déceler l’existence d’une dévalorisation contemporaine de la littérature que l’on se propose d’étudier dans cette recherche. Voici donc les principales questions auxquelles le présent article cherche à répondre : comment pourrait-on définir ce déclin contemporain de la littérature française ? Quelles en sont les origines ? Que vise-t-il exactement ? Comment chaque penseur le traite-t-il ? Quelles leçons faut-il en tirer notamment dans les études littéraires ? Pour leur fournir des réponses, nous nous concentrons sur les différentes dimensions de cette crise, plus particulièrement sur les menaces auxquelles « la littérature » et notamment les études culturelles seraient confrontées. Cela nous permettra, certes, en suivant une démarche descriptive, comparative et contrastive, d’une part, de présenter à notre lecteur le corpus de notre recherche, les textes très variés et disparates, et d’autre part, de les placer dans les trois catégories de menaces extérieures, intérieures et socio-culturelles et technologiques adressées à la littérature, évoquées en 2011 par Dominique Viart (2011 :16-26). Cette étude montrera que l’idée contemporaine du déclin trouve en grande partie son origine dans une définition très restreinte, figée et réductrice de la littérature, autrement dit la Littérature avec un L majuscule, notamment dominante dans la critique littéraire, la théorie de la littératie et les milieux scolaires et universitaires. En croyant à la vraie démocratie en littérature, il vaut peut-être mieux élargir le domaine de la littérature, en finir avec le textocentrisme hérité du XIXe siècle, et brouiller toute frontière entre la grande « littérature » et ce qui n’y rentre pas, entre la littérature élitiste et la littérature populaire, et enfin entre la littérature et les autres moyens d’expression dans une ère, dominée par la « capitalisme cognitif » (Citton, 2015b) et la « littérature-discours » (Vaillant, 2005), où l’image, le spectacle et le divertissement captent de plus en plus l’attention.
Menaces extérieures Rares sont les critiques et discours qui s’occupent de ces menaces. En réalité, en parlant des phénomènes économiques, commerciaux et politiques qui menacent la littérature de l’extérieur, parmi tous les discours inquiets de la dévalorisation de la littérature et des études littéraires, on ne peut citer que Citton et quelques commentaires isolés. A la suite de Compagnon selon qui tout débat sur les études littéraires est en rapport direct avec les questions critique et politique, il est tout à fait légitime de se poser d’abord le pourquoi du financement des études littéraires dans une société démocratique marquée par l’idéologie capitaliste qui conduit au fonctionnalisme, déjà fortement critiqué par Baudelaire au XIXe siècle. Face à l’idée d’une littérature clinique et thérapeutique avancée par Gefen (2017), se place le constat de Philippe Vilain, écrivain et essayiste, qui, dans Littérature sans idéal, qualifie la littérature contemporaine de mercantile et présentiste qui, en marginalisant la notion du style, refuse toute intention poétique et se soumet au monde :
« La littérature contemporaine manque de lucidité en ce qu’elle refuse de nourrir une conscience critique à son sujet et n’assume pas – en discours – d’être un produit de consommation, comme, par exemple, de reconnaître qu’elle a troqué son idéal littéraire contre un idéal marchand et qu’elle se formate aux lois du marché en standardisant ses genres selon des sujets formatés comme en paupérisant les formes narratives de son écrire » (Vilain, 2016b).
Nul doute, derrière les menaces extérieures, provenant des réalités commerciale et politique, qui touchent aussi bien la littérature que toutes les sciences humaines, il faut chercher l’efficacité immédiate et la professionnalisation. D’où, le mépris des politiciens, tel celui d’un Nicolas Sarkozy[3] à propos de La Princesse de Clèves, qui, soucieux de la croissance économique et de la réduction du chômage, attachent plus d’importance aux activités rentables et mesurables, ce qui se manifeste également dans un pays tel que l’Iran en ce qui concerne le financement des projets de recherche dans les domaines des lettres et des sciences humaines. Il ne faut pas négliger le rôle primordial et décisif des politiciens dans la gestion des budgets des institutions culturelles et de l’éducation. En réalité, tant qu’ils ne voient pas de valeur mesurable dans la littérature, ils diminuent ou arrêtent d’attribuer tout budget aux études littéraires. D’où la marginalisation de l’enseignement littéraire :
« L’Université connaît un moment d’hésitation sur les vertus de l’éducation générale, accusée de conduire au chômage et concurrencée par des formations professionnelles censées mieux préparer à l’emploi, si bien que l’initiation à la langue littéraire et à la culture humaniste, moins rentable à court terme, semble vulnérable dans l’école et la société de demain » (Compagnon ; 2007 :31).
Faut-il brûler les Humanités et les Sciences humaines et sociales ?, paru en 2013, constitue ainsi les actes d’un colloque tenu en juin 2012 à l’Université de Montpellier portant sur les impacts du néolibéralisme sur l’Université qui « ne cesse d’acculer les universités à des politiques d’économie budgétaire et de dégraissage qui s’attaquent, en premier lieu, aux champs disciplinaires non directement utiles. Le propos de ces deux journées visait conjointement à diagnostiquer, critiquer, voire dénoncer ce nouveau modèle académique qui privilégie désormais les performances des établissements autonomes universitaires au mépris d’un attachement à la démocratisation des savoirs, au développement des disciplines critiques et à un vaste service public d’éducation qui s’étendrait jusqu’au Supérieur » (Rousseau et Thomas, 2013). Dans une telle situation, on pourrait facilement comprendre l’hésitation qui s’empare des lycéens et de leurs parents au moment de choisir les études littéraires. Ils ne s’imaginent que deux options : soit il faut devenir professeur de lettres, soit il faut côtoyer le chômage (Todorov, 2007 :31) :
« On ne peut guère contester, en effet, que les études littéraires soient en crise. En témoigne, entre autres, la perte de crédit social de la filière littéraire dans les lycées. On peut déplorer cette situation, mais il s’agit d’un geste vain, car elle n’est que la traduction mécanique du déphasage de la filière littéraire avec la société, que ce soit en termes de compétences professionnelles ou d’attractivité culturelle » (Schaeffer, 2011: 15). Dans une telle perspective désespérante, néanmoins, Citton, professeur de littérature, pointe une lueur d’espoir tout en dénommant ainsi le XXIe siècle : siècle des sciences humaines. Selon lui, sous l’impulsion de nouvelles technologies, notamment Internet, et avec « l’explosion de la communication numérique » (Citton, 2015b :20), nous entrons dans la société de l’information ou de la communication où le capitalisme industriel et matériel européen cède la place au capitalisme cognitif ou attentionnel, tout à fait immatériel, notamment marqué par l’accélération de la circulation et la surabondance des données à la surface de notre planète. On est ainsi exposé à l’explosion du nombre des œuvres d’art, mises à la disposition de notre attention, sapant « les bases de nos capacités de concentration profonde » (Citton, 2015b: 27), où tout le monde s’est mis à écrire et où l’on retrouve plus aisément un auteur qu’un lecteur ? A ce propos, Citton proclame une prophétie intéressante, déjà partiellement réalisée notamment sur un site comme Google :
« […] d’ici quelques années ou décennies, nous pourrons demander à être payés pour accorder notre attention à un bien culturel, au lieu d’avoir à payer le droit d’y accéder, comme on l’exige encore de nous en cette époque arriérée » (Citton, 2015b: 27).
Pourtant, dans cette médiasphère, conçue comme des « enchevêtrements de communications multidirectionnelles » (Citton, 2015b: 27), où « la quantité totale d’attention disponible parmi les humains à chaque instant est limitée » (Citton, 2015b: 56), Citton distingue l’information, entendue comme « des flux de messages » et assimilable à un produit, de la connaissance, conçue comme « une activité cognitive de la part de l’agent » (Citton, 2010 :14) au cours de laquelle le sujet interprétant se sert de l’interprétation, propre des sciences humaines :
« Contrairement à ce que sous-entend le modèle implicite véhiculée par « l’économie de la connaissance » ou la « société de l’information », il ne suffit pas de savoir lire des cotations boursières et calculer des projections comptables pour assurer la « prospérité » de nos sociétés. L’avenir de l’humanité, pour autant qu’il ne soit pas d’ores et déjà laminé par notre insouciance écologique, est suspendu à l’avenir des Humanités » (Citton, 2010 :23).
Et quelques lignes après, il continue ainsi « […] notre destin collectif est intimement lié à notre capacité à réfléchir les interprétations sur lesquelles reposent nos habitudes quotidiennes. […] Après une quarantaine d’années traversées par des conflits (assez abstraites) entre les dénonciations mutuelles des « hypocrisies humanistes » et des « dérives antihumanistes », le moment est sans doute venu -dès lors que se précisent les techniques (nano-géno-informatique) d’une anthropogenèse « posthumaine » - de placer les Humanités au cœur de nos savoirs, et la redéfinition de l’humain au cœur des Humanités » (Citton, 2010 :23-24).
Pour en finir avec cette partie, il faut ajouter que, dans cette nouvelle forme de société, sera mise en cause toute politique attachée aux activités rentables et mesurables car « le bien qui circule dans une économie de la connaissance présente par ailleurs la propriété d’entrainer des externalités positives extrêmement difficiles à mesurer » (Citton, 2010 :17).
Menaces technologiques et culturelles Dans la longue introduction de son dernier ouvrage publié en 2021, L’idée de la littérature. De l’art pour l’art aux écritures d’intervention, avant d’aborder l'extension de la littérature contemporaine, pluridimensionnelle et conçue comme « un dispositif de médiation cognitive et affective dans le langage et par le langage, dans sa double dimension de représentation et d'action » (Gefen, 2021 :32) « qui préfère se combiner à d'autres arts que de poursuivre l'aventure de la forme pure » (Gefen, 2021 :12), Gefen essaie de décrire le contexte dans lequel est née au XIXe siècle la « littérature pure », définie comme « l’ensemble des textes auxquels on accorde une fonction esthétique dominante » (Le Pestipon, 2014 : 13), qui, ancrée dans l'esthétique, perdure jusqu'à présent et prône les valeurs comme la liberté, la subjectivité, le désintéressement, l'intransitivité du langage et « l'autosuffisance » (Gefen, 2021 :26). On pourrait étudier les rapports entre les nouvelles technologies, notamment le numérique et l’image, et la littérature, sur deux plans. En ce qui concerne le premier plan, les nouveaux moyens d’expression entrent en rivalité avec une conception très restreinte de la littérature dans une lutte permanente pour capturer l’attention du public dans un monde marqué par le manque de temps où nous sommes « submergés par une offre pléthorique, qui a bien réussi à être produite, mais qui peine à être reçue à la hauteur des espoirs de ses producteurs » (Citton, 2015b :20). A notre sens, derrière toutes les inquiétudes devant les mutations technologiques, il faut toujours chercher ce souci de l’indépendance, de l’autonomie et de la spécialisation qui, animant toute conception intégrationniste de la littérature et notamment des études littéraires, dresse un obstacle à la vraie réalisation des études interdisciplinaires, voire interculturelles, dans le milieu académique. Compagnon (2007), avant de se poser une question très pertinente sur les fonctions de la littérature dans le monde contemporain, décrit bien cette concurrence acharnée entre la littérature et les autres moyens d’expression, notamment le cinéma, dans la représentation et la prise de conscience de l’homme et du monde. On déduit facilement des propos de Compagnon que, la littérature, quoique toujours dotée des fonctions irremplaçables, n’est pas le moyen d’expression privilégié qui pourrait donner une forme à l’expérience humaine (Compagnon, 2007 :60). Schaeffer partage l’avis de Compagnon :
« Certes, les pratiques littéraires ont été concurrencées depuis le début du XXe siècle par d’autres supports et d’autres formes artistiques. Ainsi de nos jours, c’est le cinéma qui constitue le support principal de la création fictionnelle. Mais cela ne signifie pas que le cinéma a réduit l’importance de la fiction littéraire. L’invention du cinéma a plutôt étendu le domaine de la création fictionnelle comme telle : globalement nous « consommons » beaucoup plus de fictions qu’on ne le faisait au XIXe siècle. Le fait que la plupart de ces fictions soient d’ordre cinématographique ne signifie donc pas que la fiction littéraire ait diminué en importance, ni de point de vue quantitatif ni, bien entendu, du point de vue qualificatif » (Schaeffer, 2011: 10).
Il faut pourtant ajouter que Schaeffer, contrairement à Compagnon, ne se limite pas au genre romanesque en parlant de la littérature contemporaine ; ses propos concernent également la poésie contemporaine qui englobe également la chanson, « qui est une des formes les plus anciens et les plus universelles de la poésie » (Schaeffer, 2011: 11). Contrairement à ces deux théoriciens de la littérature, un critique comme William Marx, dans un livre important au titre très révélateur fait ses adieux à la littérature et, dès les premières lignes, n’a aucun doute sur la fin de cette rivalité qui entraine la victoire de l’image et donc la perte de la littérature :
« […] le cinéma a pris la première place, jusqu’aux débats actuels sur l’utilité des études littéraires ! […]. Sans doute parler d’une mort de la littérature serait-il absurde et même insultant pour les écrivains contemporains. En revanche, on est forcé de constater une perte de prestige : la littérature attire moins de lecteurs, et peut-être moins de talents créatifs, qui se déploient alors dans d’autres domaines, […] » (Marx, 2005 :11).
Il en va de même de la position du professeur de littérature et d’histoire de médias suisse, Vincent Kaufmann, qui annonce la suprématie du spectacle et de la perte de la valeur de la littérature au temps de la « vidéosphère ». En avançant la théorie du spectacle, Kaufmann considère la théorie littéraire comme « basculement de la graphosphère dans la vidéosphère » (Kaufmann, 2011 :153) où une crise a touché le livre et l’imprimé dès les années 1960. La plongée dans la société « spectaculaire » (Kaufmann, 2011 :152) a pour conséquence la crise touchant le livre et le textualisme, ce qui entraine à son tour toute modification et dévalorisation de la fonction et du statut de la littérature dans la société. Quant au deuxième plan, il faut parler plutôt d’une certaine interaction entre les différents moyens d’expression qui demandent une nouvelle définition de l’écriture, de la lecture, de l’œuvre, et de l’auteur, en nous faisant entrer dans l’après livre, hors du livre ou bien l’après littérature. C’est bien l’avis partagé par Dominique Maingueneau (2012: 57) et Jérôme Meizoz :
« Aujourd’hui, faire œuvre littéraire ne consiste pas seulement à publier un texte, mais bien à le décliner sous diverses formes et pratiques dont l’imprimé n’est que la trace. Performances, lectures, entretiens en public, balades littéraires, ateliers d’écriture, séances de bibliothérapie, dédicaces, sont autant de lieux et d’occasions qui étendent l’activité littéraire au-delà du livre » (Meizoz, 2020 :199).
Selon Gefen, la littérature contemporaine est marquée par « l’indifférence générique » (Rancière cité par Gefen, 2021 :114) et le « multiréalisme » (Latour cité par Gefen, 2021 :143) qui élargissent le domaine de la littérature et brouillent les « frontières génériques, médiatiques et ontologiques » (Gefen, 2021 :147) du littéraire, tout en s’opposant à toute supériorité de « l'usage autotélique » (Todorov cité par Gefen, 2021 :160) de la langue sur sa conception instrumentale. En effet, sous l'effet des nouveaux médias, des sciences de l'information et de la communication, de nouvelles écritures transitives et « non créatives » (Goldsmith cité par Gefen, 2021 :171) déclenchent tout un mouvement de « despécification du littéraire » (Mougin cité par Gefen, 2021 :170) et nous font entrer dans un monde « post-littéraire » (Colard cité par Gefen, 2021 :178) qui, d’une part, dévalorise l'expression originale et les « idéaux formels et génériques de la littérature » (Gefen, 2021 :174) restreinte, et d’autre part, promeut une littérature hybride qui, en mélangeant la littérature, les arts et les champs visuels et numériques dans une littérature hors du livre, exige des « études intermédiatiques » (Jenkins cité par Gefen, 2021 :177). Dans un tel contexte, on comprend bien pourquoi Jérôme Meizoz, écrivain, sociologue et critique littéraire suisse, tout en tentant de débarrasser la littérature du textocentrisme hérité du XIXe siècle, avance l’idée d’une extension de la littérature et de l’œuvre qu’il définit et justifie ainsi :
« Aujourd’hui, publier n’est pas seulement imprimer, mais faire exister un texte sous d’autres formes : lectures, performances, mises en scène ou encore entretiens. Le succès de ces pratiques de « littérature hors du livre » est tel qu’on a pu parler d’un tournant festivalier de la littérature. […] Divers facteurs y contribuent : d’abord, la crise de la librairie, à laquelle les éditeurs répondent par une augmentation des publications et une diminution des tirages. Ensuite, le recul de la presse littéraire qui a perdu son rôle de sélection (gate-keeper) au profit d’autres instances notamment issues du web. S’y ajoute une demande de proximité de la part du public, conséquence de la médiatisation des écrivains comme stars commerciales (on fait la file pour demander une dédicace à Marc Levy ou Amélie Nothomb) » (Meizoz, 2016).
Parmi toutes les études portant sur les rapports entretenus entre la littérature et les nouvelles technologies, celles de Citton nous semblent plus intéressantes parce que, en adoptant une prise de parti équilibrée et une approche descriptive, après avoir parlé de cette fameuse concurrence entre la littérature et les autres moyens d’expressions modernes pour attirer l’attention du public, il croit toujours en la littérature et la charge d’une grande fonction dans le monde contemporain :
« Dans un monde idolâtrant le global, la vitesse et l’accélération, les Lettreux doivent revendiquer la nécessité de la lenteur et la puissance de l’infinitésimal. Suspendre la course hebdomadaire au profit, à l’augmentation, à la croissance, à la connaissance et à l’innovation, pour passer une heure à lire, relire, étudier, analyser, discuter et interpréter quelques lignes d’un texte vieux de plusieurs décennies ou de plusieurs siècles et qui, en tant que fiction, ne nous « apprend » de toute façon rien de « vrai » ou d’immédiatement « utile » sur notre réalité – voilà en effet qui paraît condamner l’enseignement littéraire à relever de la perte de temps, si ce n’est de la recherche de temps perdu. C’est pourtant quand nous nous perdons dans le détail d’un texte que nous nous livrons à l’activité non seulement la plus « valorisable », mais la plus fondamentalement « valorisante »» (Citton, 2015a :195-196).
Suivant le philosophe suisse, comme la complexité des problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui est telle qu’elle exige un grand niveau d’intellectualité, il faut réformer ce système éducatif qui conduit les étudiants à la spécialisation. Pour survivre, les études littéraires n’ont qu’à « décloisonner les filières » et à « casser des cloisonnements étouffants » (Citton, 2015a :189) qui séparent arbitrairement les disciplines l’une de l’autre.
Menaces intérieures Cette partie de notre étude est plus importante que les deux précédentes dans la mesure où elle est constituée des discours de nature autocritique qui trouvent à l’origine de toute dévaluation des études littéraires le domaine littéraire lui-même. Pour commencer, on pourrait citer Schaeffer qui condamne plutôt la critique, la théorie et les études littéraires :
« Mon hypothèse est que la supposée crise de la littérature cache une crise bien réelle, celle de notre représentation savante de "La Littérature" […]. Bref, si crise il y a, c’est d’une crise des études littéraires qu’il s’agit » (Schaeffer, 2001 :6).
William Marx ne répète finalement que les mêmes propos accusateurs. En fait, nostalgique de la littérature d’hier, il fait partie des premiers qui sonnent le glas de la littérature. En adoptant une approche historique et littéraire, il essaie d’étudier les trois étapes de l’évolution de la littérature allant du XVIIIe au XXe siècle : expansion, autonomisation et dévalorisation. Contrairement à Bourdieu, Marx voudrait convaincre son lecteur que la dépréciation contemporaine de la littérature à laquelle nous assistions aujourd’hui est la conséquence d’un choix volontaire remontant au XIXe siècle où la littérature a voulu atteindre l’autonomie institutionnelle :
« Investie au début du XIXe siècle des espoirs de toute la société, la littérature commit le péché d’hybris en croyant pouvoir conquérir son autonomie. À partir de la seconde moitié du siècle, la société eut beau commencer à ne plus trouver son compte dans cette affaire et à se désintéresser peu à peu de l’art littéraire, la littérature ne se soucia pas de perdre tout le crédit dont elle disposait puisqu’elle avait construit un système de valeurs indépendant » (Marx, 2005 :80).
C’est ainsi que, suite à la survalorisation et à l’autonomisation d’une littérature qui s’est substituée à la religion et à la philosophie, l’on est témoin de la scission entre le langage ordinaire et le langage poétique, de l’apparition d’une littérature indépendante et notamment élitiste qui, coupée du monde réel, se lance dans une recherche interminable de la forme pure, tout en perdant ses croyants, autrement dit son public attiré par la télévision et les médias. De la même manière, Todorov, en distinguant trois phases dans la littérature contemporaine et son enseignement, à savoir le formalisme, le nihilisme et le solipsisme, voit l’origine de la dévalorisation de la littérature à la fois dans le processus de la laïcisation de la société et dans ce remplacement de Dieu par le créateur humain, du macrocosme par le microcosme. Mais Todorov oriente plutôt sa critique vers les études littéraires et l’enseignement littéraire qui, dans une situation critique, sont condamnés à se servir des approches structuralistes et formalistes, non pour étudier la littérature dans son rapport avec le réel, mais plutôt pour justifier leur pertinence et efficacité, notamment d’une manière narcissique. Todorov, qui a vivement contribué lui-même à l’avènement de l’approche immanentiste dans les années 1960 pour établir un certain équilibre entre les approches textualistes et les approches contextualises (Todorov, 2007 :29), est cette fois-ci à la recherche d’un nouvel équilibre, mais dans un sens opposé, dans La Littérature en péril où il critique ouvertement toute analyse immanentiste de l’œuvre littéraire qui ne cherche qu’à illustrer les concepts préétablis ( « les six fonctions de Jakobson ou les six actants de Greimas, l’analepse et le prolepse » (Todorov, 2007 :22)) sans nous aider à avoir accès à son sens :
« […] je dois avant tout parvenir à « maitriser l’essentiels des notions de genre et de registre », comme des « situations d’énonciation » ; autrement dit, je dois être initié à la sémiotique et de la pragmatique, de la rhétorique et de la poétique. […] Tous ces objets de connaissances sont des constructions abstraites, des concepts forgés par l’analyse littéraire pour aborder les œuvres ; aucun ne concerne ce dont parlent les œuvres elles-mêmes, leur sens, le monde qu’elles évoquent » (Todorov, 2007 :20).
Le même problème, autrement dit la valorisation des outils analytiques qui, au détriment de la lecture commune, font un usage instrumental de la littérature et ne débouchent finalement que sur un exercice statique et vide, sans plaisir ni passion, est décelé par Schaeffer dans l’enseignement de la littérature :
« Il y a d’abord un problème de méthode. Pour pouvoir manier efficacement, donc de façon créative, les outils de l’analyse structurale – ou de toute autre analyse technique –, il faut avoir déjà acquis une grande expérience de la lecture littéraire. Ce n’est évidemment le cas des collégiens et des lycéens. Il y a ensuite, et plus fondamentalement, un problème concernant le but de l’enseignement de la littérature au niveau élémentaire et secondaire. Convient-il d’enseigner la connaissance de la littérature, ou ne faut-il pas plutôt d’abord activer l’écriture « littéraire », comme mode particulier d’accès au réel ? Les programmes scolaires ont choisi pour l’essentiel le premier but » (Schaeffer, 2011 :25).
Afin de faire valoir l’analyse du discours, dans son essai audacieux et polémique publié en 2006, Maingueneau, en évitant tout point de vue normatif à l’égard de la littérature, aborde la Littérature avec une L majuscule, une certaine configuration installée progressivement à partir de la fin du XVIIIe siècle. Maingueneau s’y attaque aux présupposés du Contre Sainte-Beuve de Proust qui, considéré comme « un symptôme privilégié de cet « Age du Style », avance l’idée du double Moi, qui contribue en même temps à l’apparition d’une conception de la littérature séparée du monde, déjà en latence chez les Romantiques, et au repli textualiste, opéré plus tard par la Nouvelle critique, notamment la critique thématique et la narratologie structuraliste. D’après Maingueneau, la thèse proustienne, tout en illustrant cette opposition fondamentale entre texte et contexte, étude du texte et histoire littéraire, entraine la scission entre, d’une part, l’approche des œuvres et l’histoire littéraire, et d’autre part, les facultés de lettres et les facultés de sciences humaines et sociales. Dans le sillage de son précédent ouvrage, Après la littérature. Ecrire le contemporain (2018), Johan Faerber, dans son dernier essai intitulé Le Grand écrivain, cette névrose nationale, en faisant allusion à cette pandémie contemporaine, une très bonne occasion pour un écrivain de s’en servir pour se transformer en un Grand écrivain, déjà mis à mort par Barthes et Foucault dans les années 1960, s’en prend à deux écrivains, Leïla Slimani et Marie Darrieussecq, qui, en 2020, « réfugiées » à la campagne, se mettent à l’écriture, à un diarisme pandémique, mais n’ont parlé de rien d’autre que du quotidien le plus banal, incarnant le pur narcissisme et commettant un double contresens politique et littéraire. On est ainsi très loin de l’époque où le Grand écrivain, à l’instar d’un écrivain tels Voltaire, Hugo ou Sartre, savait très bien être le témoin de son époque et se faire la voix universelle de la douleur de la Nation. Ce qui est paradoxal, c’est que le Grand écrivain est mort et que le peuple, aussi bien que son jeune président[4], ils ont toujours gardé ce désir du Grand écrivain, « une soif impossible à rassasier » (Faerber, 2020, 10). Dans l’ensemble, on pourrait dire que presque tous les discours autocritiques s’attaquent à une certaine approche essentialiste de la littérature, celle qui, d’après Gefen, a ranimé la querelle déclenchée après l'attribution en 2016 du Prix Nobel de littérature au chanteur américain Bob Dylan, symptôme d'une crise théorique qui exige une redéfinition de la littérature et de son statut. D’après Gefen, cette idée « restreinte, esthétique et esthétisante » (Gefen, 2021 :13) de la littérature, née avec le Romantisme, bien qu’elle forme une petite parenthèse dans l’histoire littéraire, est toujours dominante dans les études littéraires. C’est à cette idée de la littérature que Gefen s’oppose à l’instar de Todorov qui propose l’extension du domaine de la littérature :
« On doit entendre ici la littérature dans son sens large, en se souvenant des limites historiquement mouvantes de la notion. On ne tiendra donc pas pour dogme inébranlable les axiomes fatigués des derniers romantiques, selon lesquels l’étoile de la poésie n’aurait rien de commun avec la grisaille du ‘ reportage universel’, produit par le langage ordinaire » (Todorov, 2007 :87-88).
Optant pour une conception élargie de la littérature, à l’instar de Todorov, Citton préfère aux approches « traditionnelles », tout à fait monologales et fondées sur une conception causale de la signification d’un texte littéraire, la lecture actualisante ou l’interprétation active. Ce type de lecture, ayant des enjeux politiques et cognitifs incontestables, est conçu comme une conversation interprétative qu’il définit ainsi :
« Une interprétation littéraire d’un texte ancien est actualisante dès lors que a) elle s’attache à exploiter les virtualités connotatives des signes de ce texte, b) afin d’en tirer une modélisation capable de reconfigurer un problème propre à la situation historique de l’interprète, c) sans viser à correspondre à la réalité historique de l’auteur, mais d) en exploitant, lorsque cela est possible, la différence entre les deux époques (leur langue, leur outillage mental, leurs situations socio-politiques) pour apporter un éclairage dépaysant sur le présent » (Citton, 2007 :305). Conclusion Que l’on se trouve devant un discours pessimiste et apocalyptique qui, nostalgique de la littérature d’hier, nous parle de la dévalorisation de la littérature contemporaine, ou que l’on tombe sur un texte cherchant à nous énumérer les fonctions de la littérature, ils n’abordent que la même question : déclin de la littérature contemporaine et notamment celui des études littéraires. Certes, une grande partie de ces discours ont été rédigés par les universitaires et spécialistes de la littérature qui voient en péril leur statut et ce qu’ils cherchent à conserver à tout prix. La Littérature, telle qu’ils la définissent d’une approche essentialiste et intégrationniste, remonte au XIXe siècle. En réalité, il s’agit d’une littérature coupée du monde réel et enfermée dans la forme qui, en dépit de ses proclamations démocratiques qui ne se réalisent finalement qu’au niveau langagier, ne peut en aucun cas incarner la démocratie car, dédaigneuse du langage ordinaire, du paralittéraire et du non-littéraire, on pourrait peut-être avancer cette idée que ce sont plutôt l’élitisme, le snobisme et le pur individualisme qui y règnent depuis deux siècles. Certes, parler du peuple, c’est une chose, parler au peuple, c’est une autre chose. Une telle littérature a pour gardien une critique et théorie littéraires promouvant des approches textualistes qui, dotés d’un jargon difficile à maitriser et dominant dans l’enseignement et dans les études, ont fini par imposer une conception esthétique de la littérature dont elles se sont servies pour illustrer leur légitimité. Celui ou celle qui maitrise un tel langage assure son hégémonie dans un cours magistral, encore une fois dénonçant l’absence de toute démocratie et égalité. Loin de négliger la question de la valeur dans le choix des textes littéraires à étudier ni de rompre avec les modèles classiques, pour à la fois remédier à cette perte de la valorisation de la littérature et donner le goût de la lecture et notamment de l’écriture aux étudiants et même aux lecteurs amateurs, à l’instar de Todorov, Schaeffer ou encore Gefen, nous optons pour une définition plus élargie de la littérature, d’une part, en lien avec les autres moyens d’expression, et d’autre part, englobant les nouvelles formes d’écritures. Certes, cette extension de la littérature, en nous libérant du textocentrisme, nous conduit à celle de l’œuvre et notamment à celle du paratexte qui englobera toute sorte de manifestation et de présence de l’auteur et de l’œuvre sur le marché. Il reste à savoir comment les didacticiens de la littérature, eux aussi soucieux des justifications de l’enseignement de la littérature depuis le début du XXIe siècle, pourront nous aider à mettre en œuvre et à développer ces propositions. Après tout, devant une notion assez confuse comme la littérature, il vaut peut-être mieux se référer à la définition que Barthes en a donné en 1971, à Cerisy-La-Salle : « La littérature, c’est ce qui s’enseigne, un point c’est tout ». Remerciements Le présent article se place dans le cadre d’une recherche postdoctorale intitulée « Crise contemporaine de la littérature française et son impact sur l’enseignement de la littérature », menée à l’Université Lumière Lyon 2. Nous tenons à adresser nos plus vifs remerciements au Service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France en Iran et à l’Université Bu-Ali Sina de l’avoir financée. Nos remerciements vont également à Madame le Professeur Martine Boyer-Weinmann d’avoir encadré cette étude avec patience et minutie
[1] Pour en citer quelques-uns, on pourrait nommer Jean Bessière, Antoine Compagnon, Dominique Maingueneau, William Marx, Tzvetan Todorov. [2] Viart, D., Demanze, L. (2011). Fins de la littérature. Esthétique et discours de la fin. Tome I. Paris : Armand Colin. ; Viart, D., Demanze, L. (2012). Fins de la littérature. Historicité de la littérature contemporaine. Tome II. Paris : Armand Colin. [3] Voici les propos prononcés par Nicolas Sarkozy le 23 février 2006 à Lyon devant les membres de son parti, UMP : « L’autre jour, je m’amusais, on s’amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d’attaché d’administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d’interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu’elle pensait de La Princesse de Clèves... Imaginez un peu le spectacle ! »
Dans l’entretien que le quotidien gratuit 20 Minutes a publié le 16 avril 2007, il a dit : « Vous avez le droit de faire de la littérature ancienne, mais le contribuable n’a pas forcément à payer vos études de littérature ancienne si au bout il y a 1000 étudiants pour deux places. Les universités auront davantage d’argent pour créer des filières dans l’informatique, dans les sciences économiques. Le plaisir de la connaissance est formidable, mais l’État doit se préoccuper d’abord de la réussite professionnelle des jeunes. »
Le 22 septembre 2021, l’ancien président de la république française a publié un ouvrage intitulé Promenades sur la couverture duquel il contredit apparemment ce qu’il avait précédemment énoncé : « Pendant des décennies, je n'ai pas voulu évoquer ma passion pour l'art. Pour toutes les choses importantes, voire essentielles de ma vie, j'ai toujours éprouvé une certaine pudeur. […]. A présent qu'il n'y a plus d'enjeux électoraux au quotidien, et que je suis sorti de la vie partisane, j'ai retrouvé la liberté de parler de ce qui est vraiment fondamental à mes yeux. L'art, la culture, les artistes composent cet essentiel » (Sarkozy, 2021). [4] Pour prouver l’existence d’une telle soif, sur un ton ironique, Faerber évoque les funérailles nationales de Jean d’Ormesson, le 08 décembre 2017 aux Invalides, où le jeune président nouvellement élu, Emmanuel Macron, qualifie de Grand écrivain celui que « chacun sait […] [être] un Petit écrivain. » (Faerber, 2020, 12). Faerber continue ainsi : « Les Français veulent un Grand écrivain, Macron lui-même désire un Grand écrivain. Il désire honorer la mémoire de ce qui rendra, par jeu de miroirs, sa présidence Grande » (Faerber, 2020, 13). | ||
مراجع | ||
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